Le mors idéal selon Baucher : un mors dur ?
Je n’admets par conséquent qu’une seule espèce de mors, et voici la forme et les dimensions que je lui donne pour le rendre aussi simple que doux :
Branche droite de la longueur de 16 centimètres, à partir de l’œil du mors jusqu’à l’extrémité des branches : circonférence du canon, 6 centimètres; la liberté de la langue, 4 centimètres à peu près de largeur dans sa partie inférieure et 2 centimètres dans la partie supérieure. Il est bien entendu que la largeur seule devra varier suivant la bouche du cheval.
Cet extrait est utilisé par les détracteurs de Baucher qui ne l’ont pas lu afin de “prouver” qu’il était en faveur des mors durs. La confusion vient en réalité d’un problème de vocabulaire.
Pour Baucher, le mors … c’est le mors de bride !
Ce que nous appelons mors, lui l’appelle le filet (lorsqu’il est utilisé avec un mors de bride) ou le bridon (lorsqu’il est utilisé seul).
Je ne traiterai, dans ce chapitre, que du filet qui doit accompagner le mors dans la bouche du cheval.
Je recommande particulièrement un filet muni de deux petites branches auxquelles les montants du bridon viennent se fixer. Ces branches empêchent le filet d’entrer dans la bouche du cheval, dans l’emploi latéral qu’en en fait.
C’est le fameux mors Baucher qu’on utilise toujours aujourd’hui.
On entend par bridon un petit mors brisé au milieu, et dépourvu de branches; les deux anneaux qui se trouvent en dehors des lèvres tiennent aux montants et servent à attacher les rênes.
En revanche, ce qui est vrai, c’est que Baucher n’approuve pas l’utilisation du seul filet pour dresser les jeunes chevaux. Il préfère utiliser la bride en prenant bien le temps d’éduquer la bouche du cheval.
En parlant du bridon (c’est à dire un mors simple utilisé seul, sans mors de bride, aux canons plus épais qu’un mors de filet) :
Quelques personnes se servent encore de ce frein inutile pour monter les jeunes chevaux, sans se douter qu’il contribue pour beaucoup à leur faire prendre de mauvaises positions de tête.
[…]
Je ne saurais trop engager le lecteur à se répéter, aussi souvent que je l’ai fait dans cet ouvrage, qu’avec un mors doux, accompagné de son filet, il n’est pas de cheval qu’on ne puisse dresser, quelles que soient, d’ailleurs, son ignorance, son insensibilité et sa résistance.
Pour Baucher, la mauvaise position de l’encolure entraîne un cercle vicieux dans lequel les résistances de l’encolure et celles du reste du corps s’entretiennent mutuellement.
La bride combat les forces qui tendent à éloigner le nez; le bridon détruit les forces latérales et celles qui abaissent; il doit donc toujours accompagner la bride, et vice versa.
Ce qu’on appelle aujourd’hui l’effet abaisseur et l’effet releveur.
J’affirme qu’un pareil mors suffira pour soumettre à l’obéissance la plus passive tous les chevaux qu’on y aura préparés par l’assouplissement; et je n’ai pas besoin d’ajouter que, puisque je nie l’utilité des mors durs, je repousse par la même raison tous les moyens en dehors des ressources du cavalier, tels que martingales, piliers, etc.
Baucher rejette également nombre de violences admises et préconisées de son temps. Ce point fera l’objet d’un autre article !